Populisme politique et Indigénat républicain : Quand Macky SALL crée les conditions objectives et irréversibles d’une défaite du candidat de sa coalition au premier tour des présidentielles de 2024

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Populisme politique et Indigénat républicain : Quand Macky SALL crée les conditions objectives et irréversibles d’une défaite du candidat de sa coalition au premier tour des présidentielles de 2024

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Les stratégies électorales de Macky SALL à l’approche de la présidentielle de 2024 déroutent plus d’un analyste politique. Macky SALL a créé les conditions objectives et irréversibles d’une défaite de son candidat dès le premier tour.

L’électorat de Macky  s’est considérablement réduit en raison non seulement du manque de performances de ses politiques publiques de réduction de la pauvreté, mais également du recul démocratique considérable durant ses deux mandats, notamment des violations systématiques des droits de l’homme et autres politiques répressives face aux manifestations et revendications des populations, des acteurs politiques, de la société civile et activistes de l’opposition…

Le recul démocratique au Sénégal est sans précédent. Avec les régimes politiques qui se sont succédé de SENGHOR, à DIOUF et à WADE, il y a eu des progrès et des acquis démocratiques considérables. C’est avec Macky SALL que tous les acquis ont été remis en cause. Jamais dans l’histoire politique du Sénégal, il n’y a eu autant de victimes dans les manifestations socio-politiques, d’emprisonnements arbitraires d’opposants politiques. Les politiques de répression et d’arrestations arbitraires d’opposants politiques sont banalisées de telle sorte que Macky SALL et son régime font actuellement l’objet de plaintes au niveau de la CPI.

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De plus, le clientélisme politique ainsi que les pratiques récurrentes de corruption (COVID 19) sont érigés en règle dans la gestion des ressources publiques. Le niveau de pauvreté, plus particulièrement des jeunes, a considérablement augmenté, de telle sorte que de nombreux sénégalais font partie régulièrement des victimes des migrations clandestines.

L’aggravation du niveau de la pauvreté ainsi que les politiques répressives et de violations systématiques des droits de l’homme ont fait que l’électorat de Macky s’est considérablement réduit ; ce qui amène même certains analystes politiques à dire que l’opposition politique est devenue majoritaire au Sénégal. C’est ainsi que, lors des dernières élections législatives, l’opposition a pu obtenir la moitié des sièges ; jamais auparavant, un parti au pouvoir n’a eu de tels résultats.

Macky SALL a ainsi perdu le vote des grandes villes du Sénégal et surtout des jeunes. Le niveau de conscience politique des jeunes et des populations en général a beaucoup augmenté. L’aggravation de la situation socioéconomique avec les effets conjugués des réseaux sociaux ont fait qu’il y a plus d’exigences en matière de redevabilité et de transparence dans la gestion des ressources publiques. 

Il n’est plus concevable que des montants considérables soient dépensés chaque année  et que les services publics de base comme la santé, l’éducation, la sécurité, l’accès à l’eau, à l’électricité ne soient pas correctement assurés. En plus de cela, de nombreux agents de l’Etat, comme ceux du privé intervenant dans le service public sont complètement démoralisés ; ce qui a pour conséquence une véritable crise de l’autorité de l’Etat et de l’exercice du service public.. Le cas de l’Université de DAKAR est un exemple très révélateur. Cette Université qui accueille la majeure partie des étudiants sénégalais est fermée depuis plusieurs mois, en raison surtout du laxisme et de l’incompétence des autorités compétentes.

Outre le fait que cette Université n’est que de nom, dans la mesure où depuis de nombreuses années, le niveau académique a complètement chuté, il s’y ajoute le fait qu’elle est pratiquement paralysée du fait des problèmes réguliers de fonctionnement et des grèves récurrentes des étudiants et des enseignants. L’université est ainsi devenue une véritable Institution fantôme où les activités non académiques prédominent sur les activités académiques. Au campus universitaire, la plupart des étudiants s’adonnent à des activités informelles de commerce et de service.

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La situation à l’université n’est qu’un épiphonème de ce qui passe dans la plupart des autres services de l’Etat. Il n’est pas ainsi rare dans certains services de L’Etat et de ses démembrements de rester plusieurs jours pour avoir un papier administratif de routine ou, pour plus de diligence, recourir à des interventions ou autres pratiques de corruption. En ce qui concerne certains services publics de base, les citoyens sont laissés à eux-mêmes, à la merci de certains agents véreux qui non seulement ne font pas leur travail normalement, mais encore ne font l’objet d’aucune sanction de la part de leur supérieur hiérarchique. Dans la plupart des services de l’Etat, l’autorité est parfois bafouée. 

Dans certains cas où cette autorité s’est exercée, l’agent véreux peut recourir à des interventions socio-politiques ou utiliser d’autres moyens détournés pour se soustraire à d’éventuelles sanctions et peut même menacer son supérieur hiérarchique de mesures de représailles. Le supérieur hiérarchique est parfois obligé de négocier son autorité. Les citoyens sont ainsi laissés à la merci de certains individus sans scrupule qui dictent leur loi. Ils n’ont pas d’autre possibilité que de se soumettre à leur volonté.

Un autre fait majeur dans la gouvernance du régime de Macky SALL, c’est la carence quasi-totale dans la satisfaction de certains services sociaux publics de base. Cela est particulièrement noté dans le domaine de l’occupation anarchique de l’espace public, comme par exemple dans le domaine des parkings publics . L’Etat, comme les différentes autorités municipales qui se sont succédées ont fini de montrer leur incapacité à gérer cette situation. Leurs préoccupations sont, la plupart du temps, de mettre en œuvre des projets d’infrastructure sociale, le plus souvent mal réalisées et qui leur permettent, par des pratiques de corruption, de détourner une bonne partie des financements.

Le Sénégal sous l’ère du régime de Macky est ainsi caractérisé, entre autres,  par la crise de l’autorité de l’Etat, dans de nombreux domaines du service public, par la carence manifeste dans la fourniture de certains services sociaux publics de base et par les politiques répressives et de violations régulières et systématiques des droits de l’homme et les arrestations arbitraires des opposants politiques et autres activistes de la société civile et des réseaux sociaux.

La combinaison de ces différents facteurs fait que les attentes au niveau des populations et des jeunes en particulier sont très fortes, pour des changements significatifs ainsi que pour les ruptures inévitables de certaines pratiques du passé comme le clientélisme politique, la mauvaise gestion des ressources publiques, les pratiques de corruption, l’inefficacité des politiques publiques. Macky SALL doit aussi savoir que les régimes populistes et autoritaires auront toujours d’une manière ou d’une autre des contre-pouvoirs populistes et des contestations du régime avec des conséquences imprévisibles. Les changements socio politiques dans certains pays de la sous-région sont des exemples révélateurs.

Les populations et, les jeunes, en particulier, sont déterminés à faire respecter leurs droits démocratiques, notamment en ce qui concerne les libertés d’expression et de manifestation et surtout la transparence du processus électoral. Les jeunes se retrouvent ainsi aussi bien au niveau des partis politiques, des réseaux sociaux, et suivent de près les différentes étapes du processus électoral, de la gestion du fichier électoral, des inscriptions et retraits de cartes électorales, des procédures de mise en place des bureaux de vote, des processus de votes proprement dits, de dépouillement et de proclamation des résultats. Les jeunes sont ainsi déterminés à défendre leurs droits démocratiques et ne sont pas prêts à accepter les fraudes de la part du régime.

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Dans ces conditions, il sera très difficile voire impossible pour la coalition au pouvoir, déjà largement minoritaire dans les grandes villes lors des dernières élections législatives, de pouvoir passer au premier tour, à plus forte raison de remporter les prochaines élections présidentielles. Il s’y ajoute que le candidat de la coalition au pouvoir est très impopulaire et manque d’envergure politique. Il ne peut même pas mobiliser l’électorat de leur coalition. Il n’a pas pu remporter les élections au niveau de sa base électorale. Il s’est mis, depuis quelques mois, dans un travail d’apprentissage de la fonction présidentielle lors des différentes tournées au côté de Macky SALL. Un candidat sérieux ne peut pas se mettre dans une telle posture. Il est temps qu’il prenne ses responsabilités, qu’il s’assume, montre sa véritable personnalité, et qu’il aille au contact direct des populations, sans continuer de se réfugier derrière Macky SALL.

Ses chances d’aller au second tour sont d’autant plus faibles qu’il y a deux autres candidatures significatives, en l’occurrence celles de Karim WADE et de Khalifa SALL, qui viendront encore réduire considérablement l’électorat de la coalition au pouvoir. Ces deux leaders de l’opposition, malgré le fait qu’ils aient été emprisonnés pendant plusieurs mois, disposent d’une réserve importante d’électeurs potentiels qui, s’ils se mobilisent, peuvent être déterminants dans les résultats du premier tour, au profit de l’opposition.

Il y a aussi d’autres partis, certes de moindre envergure, mais qui ont pu, au fil des années et grâce à un travail de terrain régulier, disposer d’une base électorale non négligeable, qui pourrait également contribuer à affaiblir davantage la coalition au pouvoir.

Macky SALL est une formidable machine à perdre. La logique du choix de son successeur repose sur le fait que, quel que soit la candidat choisi, l’appareil et les moyens de la coalition lui permettront de remporter les élections. Ses différents choix à des postes stratégiques et électifs sont ainsi fondés sur la même logique. Il se préoccupe beaucoup plus du niveau de dévouement du candidat désigné plutôt que sur son envergure politique et sa capacité à mobiliser les partisans. C’est cette même logique qui a prévalu dans le choix de Amadou BA, à savoir la confiance qu’il a en lui et son niveau de dévouement.

Malgré les moyens considérables dont dispose la coalition au pouvoir, et tout l’appareil d’Etat à sa disposition, ainsi que les possibilités de fraude et autres tentations de manipulation du processus électoral, il serait difficile voire pratiquement impossible pour leur candidat d’aller au second tour.

Julien B BA
Analyste Politique
Marseille
Julienbba693hotmail.com

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