Juan BRANCO et le procès d’Ousmane SONKO: pour un nouveau type de partenariat France Afrique

L’activiste anti système, intellectuel et avocat français Juan BRANCO a fait tout dernièrement des interventions dans la situation politique sénégalaise. Il a été coopté par Ousmane SONKO, un des leaders les plus en vue de l’opposition au Sénégal, parmi les avocats chargés de sa défense.

Ousmane SONKO, un des leaders les plus en vue de l’opposition politique au Sénégal, a été jugé récemment dans des procès qui l’opposent, d’une part, à la dame Adji SARR et, d’autre part, au ministre du Tourisme, qui l’accusent respectivement de viol et de diffamations.

Fortes avancées de l’opposition politique

Ousmane SONKO a fait des avancées considérables en termes de suffrages obtenus par sa coalition, notamment lors des dernières élections législatives , avec des résultats qui leur ont permis d’être à un siège de la majorité présidentielle.

Ce fait, inédit dans l’histoire politique du Sénégal, a fait dire à certains analystes politiques que l’opposition est maintenant majoritaire au Sénégal, compte tenu notamment des allégations de fraude, de manipulations du fichier électoral et d’autres éléments comme l’utilisation de moyens financiers considérables par le parti au pouvoir, tendant à fausser les votes des citoyens.

Force est ainsi de reconnaître qu’il y a des possibilités réelles de changement de régime lors des prochaines élections présidentielles de février 2024, d’autant plus qu’il s’agit d’une tendance régulière d’avancées de l’opposition depuis l’avènement du Président Macky SALL en 2012, dont l’électorat n’a cessé de s’effriter.

Un des phénomènes largement observé dans l’évolution de la situation sociopolitique au Sénégal est l’implication de plus en plus importante des jeunes, notamment dans les grandes villes. Il convient de faire remarquer, d’ailleurs, que la plupart des grandes villes du Sénégal dont Dakar, Thiès, Guédiawaye, Parcelles Assainies, Ziguinchor, sont actuellement dirigées par des maires de l’opposition. Le contrôle de ces villes stratégiques permet le contrôle d’une bonne partie de l’électorat.

La mobilisation et l’implication des jeunes

L’irruption massive des jeunes dans le champ politique s’est faite essentiellement en
faveur de l’opposition et est déterminante dans les résultats des élections. Les jeunes qui constituent de loin la majeure partie de la population et dont la part est en croissance régulière, sont ceux qui sont le plus touchés par la crise socio économique, de telle sorte qu’ils sont pratiquement laissés à eux-mêmes, en l’absence de toute perspective viable de débouchés.

Bon nombre d’entre eux sont d’ailleurs les victimes des fléaux comme la délinquance, la drogue, le fondamentalisme, les phénomènes migratoires avec les nombreuses disparitions notées régulièrement en mer.

C’est dans ce contexte que les jeunes se sont investis massivement dans le milieu politique, avec des attentes de plus en plus importantes, en termes de libertés démocratiques, de transparence dans le processus électoral et dans la gestion des ressources publiques. La conscience politique des jeunes s’est considérablement renforcée ces dernières années notamment, par une plus grande implication dans les choix des dirigeants politiques et dans les conceptions et mises en œuvre des politiques publiques ;

Ainsi, les jeunes, dans leurs différentes composantes socioéconomiques, sont devenus une donnée incontournable et déterminante dans le champ socio-politique du Sénégal. Non seulement, ils sont conscients de leur poids électoral et se sont mobilisés pour s’inscrire sur les listes électorales et pour voter; ils ont pris aussi leurs responsabilités et sont déterminés à s’impliquer directement pour la transparence du processus électoral, aux différentes étapes, notamment pour que les règles démocratiques et légales de désignation des candidats et de choix des dirigeants soient appliquées .

D’ailleurs, certains analystes politiques n’ont pas manqué de faire remarquer que ce ne sont pas tellement les leaders de l’opposition qui constituent l’adversaire politique de Macky SALL, mais plutôt les jeunes ; c’est pourquoi ses tentatives et manœuvres visant à bloquer certains candidats, ne pourront pas fondamentalement changer la donne politique.

Les jeunes soutiennent Ousmane SONKO

Ousmane SONKO incarne et cristallise en quelque sorte, l’espoir des jeunes qui
sont déterminés à défendre sa candidature par tous les moyens. Les évènements
dramatiques de mars 2021 en sont une bonne illustration.

De nombreux reproches peuvent être faits à SONKO, notamment son manque d’expérience dans la gestion de l’Etat ainsi que ses errements dans l’affaire qui l’oppose à la dame Adji SARR ; – une personnalité politique de son niveau ne devrait pas s’aventure et s’exposer, sans les précautions élémentaires, dans un salon de massage, jusqu’à se faire accuser de viol, même si incontestablement, il s’agit d’un coup monté de toutes pièces -; cependant, force est de reconnaître qu’il fait partie des acteurs politiques les plus en vue lors des prochaines élections présidentielles.

C’est pourquoi le régime en place et le parti au pouvoir sont accusés à tort ou à raison, de dérive autoritaire et d’instrumentaliser la justice pour bloquer sa candidature. Cette situation entraîne ainsi des tensions socio politiques avec des conséquences imprévisibles.

Le Président Macky SALL doit savoir que les acquis démocratiques sont irréversibles et que les fortes attentes et aspirations des populations sont incompressibles et ne peuvent plus être différées. L’Afrique a aussi une page à écrire dans l’histoire.

Juan BRANCO, défenseur d’Ousmane SONKO

C’est dans ce contexte que Monsieur Juan BRANCO a été coopté par Monsieur SONKO pour
faire partie des avocats de sa défense. Monsieur BRANCO est un brillant avocat et un activiste anti système très influent, impliqué dans la défense de grandes causes comme celles des gilets jaunes ou de personnalités victimes d’injustice comme le lanceur d’alerte Julian Assange.

Monsieur BRANCO est un activiste très controversé qui dénonce la corruption des élites dirigeantes et combat pour la défense des intérêts du peuple. Il est aussi très sensible aux acteurs socio politiques victimes de situations d’injustice et du système en général.

Monsieur BRANCO qui est issu d’une famille bourgeoise et a fréquenté de grandes écoles, aurait pu se contenter de postes prestigieux avec tous les privilèges que cela pourrait impliquer. Il a cependant choisi de combattre pour la liberté aux côtés des peuples opprimés, contre l’injustice, et contre le système des élites corrompues.

Il peut jouer un rôle majeur dans la résolution des problèmes structurels de développement que connaissent la plupart des pays africains, ainsi que des fortes attentes des populations en matière de respect des droits de l’homme, de libertés démocratiques et de transparence dans la gestion des ressources publiques.

Il a bien compris les enjeux de la situation socio-politique au Sénégal et plus généralement ceux des relations France Afrique. Il est très sensible à la situation d’exploitation et d’extrême pauvreté dans laquelle se trouve la majeure partie des populations africaines, du fait essentiellement des politiques patrimonialistes et du pillage des ressources de la part de leurs dirigeants, le plus souvent avec le silence coupable, voire la complicité de ceux des pays occidentaux.

Il prône de nouveaux types de relations de coopération fondées sur la transparence, le respect de la volonté des populations dans le cadre d’Institutions crédibles et la
dénonciation, le cas échéant, des dérives autoritaires. Il est conscient des fortes
attentes des populations africaines et, en particulier, des jeunes pour des changements démocratiques, pour une plus grande transparence dans la gestion
des ressources publiques et pour la redevabilité des dirigeants politiques.

Monsieur BRANCO parle aussi du respect des règles démocratiques et des choix de compétences appropriées dans la gestion des organismes publics, en plus d’une coopération gagnant- gagnant dans les relations entre la France et les pays africains. Il peut beaucoup contribuer à une coopération plus efficace et plus bénéfique avec les pays africains.

Monsieur BRANCO a fait également des interventions très remarquées à la suite des récentes manifestations socio-politiques au Sénégal qui auraient fait au moins 23 morts selon Amnesty. Il a ainsi déposé auprès du Procureur de la CPI une demande d’enquête pour crimes contre l’humanité contre des autorités sénégalaises dont le Président de la République.

Pour Monsieur BRANCO, un nouveau type de partenariat France Afrique

Pour Monsieur BRANCO, comme pour d’autres acteurs politiques intervenant dans la coopération au développement, il s’agit de rompre avec cette approche paternaliste et d’ingérence qui a prévalu durant la 5éme république et depuis les indépendances, à quelques variantes près, selon le Président en fonction et, qui vise à favoriser des interventions, le cas échéant, pour maintenir au pouvoir des dirigeants en mal de légitimité. Il est vrai que certains peuvent trouver des justificatifs à de telles approches par la « réelle politique » et une volonté de vouloir préserver des intérêts de puissants lobbies étrangers.

C’est dans ce cadre que le Président SARKOZY, en méconnaissance des réalités socioéconomiques quotidiennes et des dynamiques socio politiques, avait fait des sorties malheureuses lors de son discours de Dakar.

Ces approches doivent être reconsidérées ; il faudrait de plus en plus prendre en compte les fortes aspirations incompressibles des populations au respect des règles démocratiques et à la transparence dans la gestion des ressources publiques. Il s’agit tout simplement de favoriser le respect de la volonté populaire et la promotion de compétences locales pour permettre le maximum de réussites dans la mise en œuvre des politiques publiques.

*Julien B BA
Analyste Politique
Marseille
Julienbba693hotmail.com