La cohérence à géométrie variable de Macron, un coup d’Etat électoral

La cohérence à géométrie variable de Macron, un coup d’Etat électoral

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La France est une grande puissance qui a toujours joué un rôle de premier plan au niveau international. La France s’est toujours distinguée par la solidité de ses institutions séculaires et surtout par sa démocratie, le respect des droits de l’homme. Cela s’est plus particulièrement vérifié sous la 5eme république et la France a toujours constitué une référence en la matière à travers le monde

La grandeur de la France se caractérise, entre autres, par le fait que les lois de la République s’appliquent sans distinction à tout citoyen. Le respect de la volonté populaire est sacré, et il n’y a jamais eu de manœuvres ou de tergiversations pour tenter de la contourner. Les traditions républicaines sont bien établies et les régimes de droite ou de gauche qui se sont succédé ont toujours été fidèles à ces principes démocratiques. Il ne saurait d’ailleurs en être autrement compte tenu notamment de la solidité des institutions et d’un niveau de démocratie parmi les plus élevés dans le monde. 

Il y a une fascination presque permanente de la démocratie et de la vie politique en France. Les critiques ne manquent pas sur les programmes et politiques mis en œuvre; ce qui témoigne d’ailleurs de la vitalité d’une démocratie; cependant il n’y a jamais eu de place pour des contestations de nature démocratique de quelque forme que ce soit, tellement les français sont attachés à la république et aux principes démocratiques.

Le respect de la volonté populaire

La démocratie n’a jamais été négociable et les autorités ont toujours veillé à respecter scrupuleusement les résultats des élections et à en tirer les conséquences aussi bien pour les élections présidentielles que pour celles législatives. En ce qui concerne plus particulièrement les élections législatives, la tradition républicaine a toujours consisté à nommer un premier ministre issu de la majorité et qui est chargé de déterminer et de conduire la politique gouvernementale dans le respect des prérogatives du président. 

Cela a été le cas notamment avec les présidents Mitterrand et Chirac et, il n’ ya pas eu de blocage institutionnel même si par ailleurs des différends ou autres couacs ont pu être notés entre le Président et le Premier Ministre ou certains ministres; cependant le bon fonctionnement des institutions a toujours été assuré et la volonté populaire, préservée.. 

L’absence de majorité absolue une tendance générale dans les grandes démocraties

Il est vrai que pour les présentes élections législatives, même si une majorité absolue ne se dégage pas, il n’est pas cependant compréhensible que le bloc qui est venu en tête ne puisse pas proposer un Premier Ministre qui pourrait ainsi tenter, par le jeu des coalitions, de mettre en place un gouvernement qui serait chargé de conduire la politique de l’Etat.
Il est de plus en plus difficile dans les grandes démocraties, du fait de la pluralité des opinions et par conséquent de l’émiettement des suffrages, d’avoir une majorité absolue; c’est la règle dans la plupart des grandes démocraties occidentales, où les partis politiques arrivés en tête des suffrages, sont habitués à faire des tractations en vue de constituer un gouvernement élargi, chargé de conduire la politique nationale.

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De plus en plus, il sera difficile voire impossible de trouver une majorité absolue et ce sera le parti arrivé en tête qui sera chargé de mener des tractations et des négociations avec d’autres partis avec lesquels ils pourraient trouver un terrain d’entente ou un programme commun qui serait la base d’un gouvernement de coalition. 

Ces dernières années, la France a pu constituer une certaine exception, dans la mesure où les citoyens ont toujours voulu donner une majorité absolue lors des législatives au président élu, pour lui permettre de mener son programme. Les citoyens français ont toujours voulu faire preuve de cohérence dans ce domaine. 

Ce sera seulement avec l’élection de Macron que la majorité parlementaire ne suivra pas la majorité présidentielle. Avec cependant le soutien de partis de droite dont en particulier LR, il y a eu ainsi une certaine stabilité politique qui a permis à la majorité présidentielle de pouvoir gouverner, avec cependant une utilisation abusive et, à la limite anti démocratique et pratiquement sans précédent, si l’on considère le nombre de fois, du 49-3. 

Le 49-3 a ainsi été régulièrement utilisé par le régime de Macron pour faire passer des lois importantes et pour éviter une éventuelle motion de censure. L’absence d’une majorité parlementaire absolue pour le régime de Macron a ainsi favorisé les perturbations et autres problèmes qui ont été notés dans le bon fonctionnement de l’Assemblée nationale. Les résultats très favorables qu’ont obtenus le RN et la LFI, lors des européennes, auraient pu ainsi aggraver la situation. 

Le NFP en tête des législatives

La question de la dissolution du parlement a ainsi été régulièrement et légitimement agitée. Cependant il était difficile de prévoir une dissolution immédiate du Parlement, malgré les très bons résultats du RN qui était aussi favori dans tous les sondages pour arriver en tête des futures élections législatives. Dans certains cas, les sondages avaient même prévu une majorité absolue pour le RN, ce qui lui aurait permis de mener son programme et peut-être même de créer une crise institutionnelle qui aurait pu aboutir à de nouvelles élections présidentielles. 

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Face aux nombreuses dénonciations, venant surtout de la droite, de cette mesure de dissolution qui aurait pu faciliter au RN d’accéder au pouvoir, Macron va justifier sa décision par le fait qu’il voulait être cohérent avec les résultats des élections européennes. 

Pour lui, il fallait mettre le peuple devant ses responsabilités et que, compte tenu de la nouvelle configuration politique avec les résultats des européennes, de nouvelles élections législatives pourraient ainsi refléter le mieux la volonté populaire. 

Si le raisonnement de Macron était tout à fait pertinent et cohérent, il se posait cependant un problème de timing et, surtout qu’il ne fallait pas faciliter l’accession du FN au pouvoir. La guerre en Ukraine et l’organisation prochaine des jeux olympiques devraient permettre de différer la dissolution jusqu’au moins la rentrée.

Les résultats des élections législatives ont confirmé la défaite du camp présidentiel, même si le RN est arrivé en troisième position. Ce qui est cependant constant c’est que c’est le NFP  est arrivé en tête, même s’ il y a des discussions légitimes sur la nécessité de réformer le mode de scrutin.

Macron devrait quand même en tirer toutes les conséquences et respecter la volonté populaire. Il est tout simplement inconcevable et intolérable que sous prétexte que tel parti ne fait pas partie de l’arc républicain, que la volonté populaire ne soit pas respectée. 

La maturité politique de Macron a souvent été mise en cause. Il est un habitué du passage en force de certaines lois, notamment par une utilisation abusive du 49-3, de telle sorte que son ancienne première ministre est surnommée 49-3. Il appartient au peuple de déterminer, par ses suffrages, qui doit gouverner, mais pas au président de décider que tel ou tel autre parti n’est pas bon pour l’intérêt des citoyens et du pays.

Julien B BA
Analyste Politique
Marseille
Julienbba693hotmail.com

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