Les pays africains face aux gaz à effet de serre

Article : Les pays africains face aux gaz à effet de serre
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Les pays africains face aux gaz à effet de serre

Crédit : Daniel Garrido / Getty Images

Malgré la gravité de la crise climatique, les pays africains ne parviennent pas encore à mettre en œuvre des politiques efficaces pour réduire leurs émissions de gaz à effets de serre (GES). 

Cette situation n’est pas près de s’améliorer. Dans la lutte contre l’extrême pauvreté, l’exploitation des ressources naturelles va s’intensifier. Y compris l’usage d’énergies fossiles. Avec toutes les conséquences négatives sur l’environnement.

Les changements climatiques constituent une menace pour l’avenir de l’humanité. Les trajectoires actuelles des émissions des gaz à effet de serre montrent que le réchauffement planétaire ne cesse de s’aggraver (les quatre dernières décennies ont été successivement plus chaudes que toutes les autres depuis 1850), mais que les politiques d’atténuation mises en œuvre sont loin de produire les effets escomptés. De même, malgré les mesures d’adaptation mises en œuvre, les conséquences sont déjà dramatiques, aussi bien pour les populations vulnérables que pour la biodiversité.

Le réchauffement climatique, une menace persistante pour la planète

Le dernier rapport annuel 2023 du PNUE fait état d’une triple crise planétaire : le réchauffement climatique, la pollution et les déchets chimiques et organiques, ainsi que de leurs graves conséquences sur la biodiversité.

Changements climatiques : Des effets plus rapides que prévu. Crédit : Radio-Canada Info

Les niveaux d’émissions de GES et de température augmentent chaque année, ce qui compromet largement les objectifs de l’accord de Paris visant à contenir le réchauffement au-dessous de 1,5°, par rapport aux niveaux préindustriels, par des baisses de 42% avant 2030.

Parmi les principaux GES, on trouve essentiellement dioxyde de carbone CO2, méthane CH4, oxyde nitreux N2O, et les gaz fluorés. Leurs taux dans l’atmosphère ont considérablement augmenté depuis l’ère préindustrielle du fait de l’activité humaine.

Il y a ainsi une exploitation effrénée et industrielle des ressources naturelles dont les énergies non renouvelables. Les pratiques de déforestation ainsi que les dégradations des sols suite à des pratiques culturales dangereuses pour les terres avec l’utilisation de produits chimiques, réduisent les capacités de la nature à capter les gaz à effet de serre, et contribuent ainsi au réchauffement climatique. 

La combinaison de l’augmentation des gaz à effet de serre, due principalement aux émissions de carbone, et de la déforestation ainsi que de certaines pratiques de destruction du couvert végétal, aggrave le réchauffement climatique.

Parmi les autres facteurs importants qui contribuent à la dégradation de l’environnement et au réchauffement climatique, il y a les pollutions et les déchets, surtout chimiques, notamment avec les effets nocifs sur les populations et la biodiversité.

Les capacités mondiales de production chimique ont doublé entre 2000 et 2017. La pollution marine par les plastiques a été multipliée par 10 depuis 1980.

La récurrence d’évènements extrêmes

Depuis plusieurs années, les conséquences constatées et confirmées scientifiquement par le GIEC et par la CCNUCC et les différentes COP annuelles dans une large mesure, sont non seulement dramatiques pour les populations mais aussi pour l’équilibre des écosystèmes. Il y a ainsi une récurrence des fortes inondations, des orages, tempêtes et autres, des incendies, de l’érosion côtière, les fontes des glaciers. 

Elément Terre © France 24

Les politiques d’atténuation mises en œuvre par les pays dans le cadre de leur contribution déterminée au niveau national (CDN) et d’accords internationaux, n’ont pas souvent répondu aux attentes. Malgré tout, dans de nombreux pays développés, des efforts significatifs ont été faits sur les réductions de GES, en raison notamment de leur niveau de développement technologique et de leurs capacités financières. 

Cependant, la situation globale n’a cessé de se détériorer et les tendances lourdes montrent que les émissions devraient augmenter chaque année, et que les objectifs fixés par l’accord de Paris sont loin d’être atteints, avec tous les risques d’irréversibilité et de menaces sur les espèces.

Les politiques d’adaptation sont plus efficaces au niveau des pays développés, compte tenu de l’importance des moyens qu’ils sont en mesure de déployer rapidement, pour faire face aux inondations, tempêtes, feux de brousse et autres calamités naturelles.

Les pays en développement et plus particulièrement les pays africains pour la plupart, n’ont pas été capables de mettre en œuvre des politiques efficaces et viables d’adaptation et d’atténuation face au réchauffement climatique, à la pollution et aux déchets et à leurs effets nocifs sur la biodiversité.

Situation plus préoccupante en Afrique

Le réchauffement climatique en Afrique a été plus rapide que la moyenne mondiale au cours des soixante dernières années.

Élément Terre. Crédit : France 24

Les pays en développement sont ceux qui émettent le moins des GES et qui polluent aussi le moins du fait de leurs faibles capacités de développement. Les conséquences du réchauffement climatique sont cependant les plus dramatiques compte tenu notamment de leurs faibles capacités d’adaptation et d’atténuation. 

Les pays africains font face chaque année à des vagues de chaleur mortelles, de fortes pluies, des inondations, des cyclones tropicaux et des sécheresses prolongées.

Régulièrement, des populations font l’objet de déplacement ou se retrouvent sans abri, du fait des inondations. Cette situation est due à la faiblesse des infrastructures hydrauliques et d’assainissement, de drainage et d’évacuation des eaux de pluie. Le réchauffement climatique a aussi de graves conséquences sur la santé des personnes vulnérables, comme les personnes âgées et les enfants, du fait du manque d’infrastructures sanitaires adéquates. 

Les phénomènes de pollution et de gestion des déchets sont encore plus marqués dans les pays en développement, du fait de l’absence de moyens technologiques appropriés pour y faire face.

La situation du réchauffement climatique est encore plus inquiétante dans ces pays dans la mesure où les émissions de GES pourraient augmenter considérablement ces prochaines années. En raison des urgences socio-économiques, les pays en développement pourraient exploiter de plus en plus leurs ressources naturelles et, surtout pour ceux qui en ont, les énergies non renouvelables. Ces politiques vont contribuer davantage au réchauffement climatique, à la pollution de l’air, à la déforestation et à la dégradation des sols. 

Crédit : Guillem Sartorio / AFP

De plus, l’octroi abusif et clientéliste de licences de pêches, le plus souvent par des pratiques de corruption, constitue une menace sérieuse pour la biodiversité marine et certaines espèces de poisson commencent à se raréfier. 

Pour la plupart des dirigeants des pays en développement, les politiques de lutte contre la pauvreté doivent être prioritaires par rapport à celles d’atténuation. Les problèmes de survie sont le lot quotidien de millions d’africains qui ne parviennent pas à satisfaire leurs besoins fondamentaux tels que la nourriture, la santé, l’accès à l’eau.

Certes, les objectifs de développement durable (ODD) constituent un cadre pertinent qui combine à la fois la lutte contre la pauvreté, la croissance économique durable, les mesures d’atténuation face au réchauffement climatique, le partenariat et la paix au niveau international.

Atteindre les ODD en Afrique

 Les problèmes de bonne gouvernance continuent de se poser au niveau des pays en développement, notamment en ce qui concerne la conception et la mise en œuvre, dans le cadre d’une approche participative, de politiques efficaces de développement socio-économique.

Les autorités au pouvoir, le plus souvent en mal de légitimité, sont incapables de mobiliser les populations, dans la conception et la mise en œuvre des programmes de développement. Pour se maintenir au pouvoir, en plus des répressions d’opposants politiques, elles mettent en œuvre des pratiques d’accaparement des ressources nationales, de clientélisme politique, de corruption et autres malversations financières. 

La bonne gouvernance constitue ainsi le problème fondamental de l’inefficacité des politiques publiques aussi bien pour la lutte contre la pauvreté, que pour les mesures d’atténuation et d’adaptation face aux changements climatiques.

Les pays en développement sont tout à fait fondés à demander des financements internationaux conséquents qui pourront contribuer à mettre en œuvre leurs CDN et leurs autres engagements internationaux, en matière d’atténuation et d’adaptation, d’autant plus que leur responsabilité dans les émissions de GES (de l’ordre de 3%), est relativement faible par rapport à celle des pays développés. 

Il convient aussi de faire remarquer, à ce propos, que la plupart des pays développés n’ont pas respecté leurs engagements financiers tels que prévus par l’Accord de Paris, vis-à -vis des pays en développement. Les estimations de financement jusqu’en 2030, nécessaires pour les pays africains pour faire face aux changements climatiques, pourraient s’élever à 2800 milliards de dollars, selon “Climate Policy Initiative ».

Dans tous les cas, la mise en œuvre, dans le cadre des ODD, des politiques de réduction de la pauvreté, d’atténuation et d’adaptation face aux changements climatiques, ne pourra être efficace que dans le cadre d’une politique viable de bonne gouvernance.

Julien B BA
Analyste Politique
Marseille
Julienbba693hotmail.com

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